es flux économiques liés au sport n'ont véritablement pris une ampleur internationale qu'après la seconde guerre mondiale, surtout au cours du dernier quart de siècle avec la multiplication des spectacles sportifs internationaux, la retransmission internationale de ces spectacles, le commerce mondial des articles de sport, la délocalisation internationale de la production de ses articles, les transferts internationaux d'athlètes contre rémunération etc (Bourg et al., 1989). S'inscrivant fréquemment dans la tradition de l'Economie Politique, les travaux des chercheurs principalement couvrent l'ensemble des phénomènes concrets mettant en relation les activités sportives et les activités économiques avec leurs externalités positives ou négatives. C'est ainsi que sont analysés les différents marchés du sport, notamment professionnels, avec leur histoire économique, leur poids financier (part du PIB) et leur régulation (Andreff, 2010Bourg et Gouguet, 2012) ; les flux de biens et de service (articles de sport, spectacles sportifs directs et indirects) ; l'internationalisation de la mobilité des facteurs de production et la stratégie globale des agents économiques et sportifs (Andreff, 2010 ; le marché du travail sportif (Bourg, 2008 ;Bourg et Gouguet, 1998et 2007 ;Gouguet, 2006) ; le dopage avec l'économie du crime (Bourg, 2011;Bourg et Gouguet, 2007) ; l'économie du sport télévisé (Gratton et Solberg, 2007 ;Jeanrenaud et Kesenne, 2006) ; le marché des droits de retransmission et le marché des émissions sportives (Bourg et Gouguet, 2007 ; le marché de la presse sportive (Bourg et Gouguet, 1998); les déterminants économiques des performances sportives ; l'économie informelle du sport (Andreff, 2009.

En ce qui concerne spécifiquement le football, il est aujourd'hui étudié par les plusieurs disciplines scientifiques (anthropologie, économie, géographie, histoire, droit, management, sociologie). La géographie ouvre de nouvelles approches et répond à des problématiques spatio-temporelles originales et innovantes (Piraudeau, 2017). Cette discipline offre des outils et des méthodes qui complètent les approches historiques, sociologiques et économiques. Elle produit également des savoirs spécifiques fondés sur l'analyse des emprises territoriales et des spatialités en construction (Augustin et al., 2014). Les migrations des élites footballistiques que l'on appelle encore la fuite des « talents sportifs » concernent les mouvements migratoires des joueurs inscrits dans le cadre de recrutements opérés par les clubs. La compétition pour obtenir les meilleurs joueurs au sein des championnats plus ou moins renommés entraîne des migrations internationales (Piraudeau, 2017).

Les migrations des footballeurs commencent à être abordées au début des années 1980. Les publications scientifiques sur ce domaine ont considérablement augmenté au début des années 2000. La migration de la main-d'oeuvre sportive professionnelle au niveau international, tant dans le football que dans d'autres sports, est examinée par Maguire (1994Maguire ( , 2004)), Maguire et Stead (1998), , McGovern (2002), Poli (2006Poli ( , 2009) ) 1998) reconnaissent également l'importance des influences sociales, historiques et culturelles, mais mettent l'accent sur les facteurs économiques. Les schémas de migration des sportifs professionnels à travers les frontières nationales reflètent les influences suivantes : le degré de proximité géographique entre les pays et la facilité de déplacement ; l'impact résiduel des liens historiques impériaux ou coloniaux ; les attitudes des pays envers leurs propres ressortissants à la recherche d'opportunités d'emploi à l'étranger ; le traitement par les pays des ressortissants étrangers à la recherche d'opportunités d'emploi à l'intérieur de leurs propres frontières ; les différentiels de salaire, offrant aux joueurs la possibilité d'augmenter leurs revenus en jouant à l'étranger, ou aux clubs la possibilité de recruter des joueurs talentueux plus facilement ou à moindre coût que ce qui est possible sur le marché des transferts nationaux ; la réputation, le statut et les caractéristiques du sport dans différents pays ; la mesure dans laquelle l'exposition médiatique suscite l'intérêt et la sensibilisation pour le sport dans tous les pays ; les liens interpersonnels, qui peuvent inciter des joueurs d'une même nation à jouer dans le même pays étranger ou à rejoindre le même club simultanément.

Concernant le continent africain, les joueurs originaires du continent contribuent depuis longtemps au rayonnement des équipes régionales ou nationales des autres continents. La multiplication des opportunités pour les joueurs africains de vivre de leurs talents dans les autres régions est redevable de la libéralisation qui a touché le sport et les inégalités sociales structurant le football marchand, qui en ont été largement amplifiées (Lafabrègue, Tabé et Helleu, 2013). Au premier rang figurent celles qui résultent des rapports de domination, caractéristiques de l'économie capitaliste, théorisée par Wallerstein (2009) dans le sillage de Braudel (1985).

Cette théorie met l'accent sur l'hégémonie qu'exercent les pays du centre sur les régions périphériques, qui se voient assignées la tâche de satisfaire les besoins économiques des premiers à des conditions très défavorables, tant pour les entrepreneurs que pour les travailleurs. Ces rapports n'épargnent pas le marché du sport. S'agissant du football, la majeure partie des recettes est drainée par cinq championnats situés en Europe de l'Ouest (Bourg et Gouguet, 2007), bien que des marchés secondaires aient émergé dans d'autres parties du monde ces dernières années (Japon, Amérique du Nord, Émirats du golfe Persique, Russie). En revanche, le football africain a un poids économique négligeable. En 2009, il représentait moins de 0,5 % des recettes mondiales. Toutefois, l'Afrique ne forme pas un espace homogène de ce point de vue (Lanfranchi et Taylor, 2001). Une poignée de clubs au Maghreb, en Égypte et en Afrique du Sud sont suffisamment riches pour exercer une attraction sur tout le continent. La quinzaine des autres pays africains qui composent la bande la plus périphérique du football marchand, fournissant en abondance l'Europe en main-d'oeuvre à bas coût (Poli, 2009).

Les migrations des jeunes joueurs africains à destination des clubs étrangers se traduisent par des réussites, mais aussi par des échecs. Les jeunes migrants africains qui réussissent au plus haut niveau intègrent souvent, sans le savoir, le processus productif international des footballeurs professionnels. Des circuits migratoires de jeunes (joueurs) africains se développent ainsi à destination des autres régions (Tarrius, 1992). Des espaces de production, en passant par des espaces de rebond, des espaces de formation et de révélation aux espaces de consommationconfirmation, on découvre des trajectoires migratoires diverses et variées. Dès lors, notre question recherche suivante mérite d'être posée : dans quelle mesure la migration des footballeurs d'origine africaine contribue-telle à rehausser le niveau de jeu en Europe ? II.

Pour mener à bien notre étude, la méthode hypothético-déductive nous semble la mieux appropriée pour apporter les réponses à notre question principale. Cette méthode consiste à construire des réponses au phénomène étudié sur la base de la littérature théorique ou empirique. Cette méthode a été complétée par la présentation de quelques statistiques obtenues après exploitation du site de

En cette période, le pays qui accueillait le plus de footballeurs du continent était la France (avec 130 joueurs), suivis de la Belgique (80 joueurs), de l'Angleterre (37 joueurs), de la Turquie (35 joueurs) et des Pays-Bas (31 joueurs). Aujourd'hui, ils sont probablement bien plus nombreux.

L'objectif de cette étude était de mettre en évidence la contribution des footballeurs d'origine africaine dans le niveau de jeu en Europe. La théorie de l'économie capitaliste de Wallerstein (2009) et Braudel (1985) a été convoquée par les auteurs antérieurs. Notre étude utilise également cette théorie comme soubassement. Nous avons également fait recours à la méthode hypothético-déductive qui consiste à construire des réponses au phénomène étudié sur la base de la littérature théorique ou empirique. Cette méthode a été complétée par la présentation de quelques statistiques obtenues après exploitation du site de la FIFA (Federation Internationale de Football Association), d'UEFA (Union of European Football Associations) et du CIES (Centre International d'Etude du Sport). Il a été constaté que depuis les années 1980 jusqu'à nos jours, plusieurs joueurs africains ont contribué à rehausser le niveau de football en Europe. En effet, plusieurs joueurs africains ont inscrits les buts (tirs au but exclus) lors de la finale de la plus prestigieuse des compétitions de clubs en Europe. Egalement, au moins quinze africains ont été vainqueurs d'une finale de C1.