travail. Dans ce dernier cas, ils décident de participer au marché du travail (Abessolo et Nga Ndjobo, 2017). Cependant, cette participation n'est pas automatique surtout si l'on ne tient pas compte d'autres facteurs, en particulier de la manière dont l'éducation acquise au cours de la scolarité correspond aux besoins du marché du travail. C'est dans ce contexte que les travaux pionniers portant sur l'inadéquation entre l'éducation et l'emploi, appelée inadéquation éducative (Freeman, 1976) ont pour fondement empirique, le constat d'une baisse de salaire des diplômés américains. En effet, dans une étude fort révélatrice, Freeman (1976) dans son livre « The overeducated Americans » a mis en évidence la suréducation (inadéquation verticale 1 Trois principales questions ont animé le développement de la littérature économique dédiée à l'étude des inadéquations éducatives: Premièrement, comment mesurer les inadéquations éducatives aux niveaux individuel et agrégé ? Deuxièmement, quels ) comme facteur pouvant expliquer la baisse des salaires des diplômés universitaires dans les années 1960 et 1970. Ainsi, l'inadéquation éducative est un concept qui met en relief l'interaction entre l'offre de diplômés du système éducatif et la demande de travailleurs instruits sur le marché du travail (Eurostat, 2016).

Par définition, l'inadéquation éducative fait référence à une situation dans laquelle l'éducation des travailleurs ne correspond pas à ce qui est requis par leur emploi (Quintini, 2011). Il existe deux formes d'inadéquation éducative : 1-Une inadéquation entre les niveaux d'éducation, appelée inadéquation verticale et 2-Une inadéquation entre les domaines d'études, appelée inadéquation horizontale. L'inadéquation horizontale implique que les professions des personnes ne correspondent pas à leurs domaines d'études. Par rapport à la suréducation, l'inadéquation horizontale est cependant encore récente dans la littérature, car les chercheurs ne se sont intéressés à cette inadéquation qu'à partir de la publication de Robst (2007) sur l'inadéquation entre la filière universitaire et les professions des diplômés aux États-Unis. sont les facteurs qui expliquent l'inadéquation de e tout temps et en tout lieu, les individus acquièrent l'éducation soit pour eux-mêmes, soit pour influencer le fonctionnement du marché du D S'il apparaît clairement dans littérature que l'inadéquation éducative affecte les mécanismes (emploi, rémunération, satisfaction, productivité, etc.) qui régissent les interactions sur le marché du travail, l'importance de ces effets et les mécanismes sousjacents ne sont pas toujours clairs. Aussi, des analyses plus poussées s'avèrent justifiées dans tous les pays y compris le Cameroun. C'est à l'aune de ce fait au demeurant inquiétant que l'objectif de cette étude est d'apporter de réponses à la question quel est l'effet des inadéquations éducatives sur la rémunération au Cameroun ? II.

La structure du marché du travail camerounais, à l'instar des autres pays, a connu d'importantes mutations ponctuées des vagues de déséquilibres plus ou moins accrus. Avant l'avènement de la crise économique des années 80, le marché du travail camerounais était caractérisé par des emplois dans le secteur agricole avec l'État comme pourvoyeur principal d'emploi (Touna Mama, 2008). Ainsi, les taux de chômage étaient relativement bas, moins de 6 % en moyenne. La situation s'est vite dégradée avec la survenue de la crise qui a entrainé une hausse vertigineuse du taux de chômage atteignant jusqu'à 24,6 % en 1993. Par ailleurs, la proportion d'emplois dans le secteur informel s'est considération accrue.

En effet, le marché du travail camerounais caractérisé par le développement des politiques actives d'emploi fait face aujourd'hui à deux faits majeurs. Le premier est lié à la population sans cesse croissante et aux défis qu'elle impose. Le second fait, pas de moindre, concerne le niveau d'instruction moyen de la population qui a considérablement augmenté. Le taux net moyen de scolarisation dans l'enseignement primaire, secondaire et supérieur a atteint 78 %, 35 % et 10 %, respectivement, en 2017, contre 60 %, 21 % et 5 % en 2000 (UNESCO, 2019). Si le Cameroun peut tirer profit de ce dividende démographique et si la part croissante de jeunes mieux éduqués peut aider le pays à combler son déficit de productivité, il y a cependant lieu de s'interroger non seulement sur la qualité de l'éducation acquise par ces jeunes diplômés, mais aussi sur la capacité d'absorption du marché de l'emploi en général (Monga et al., 2019). En effet, bien que le pays ait alloué des ressources considérables à l'amélioration de la qualité de l'éducation (en moyenne, ils ont consacré 0,78 % du PIB à l'enseignement supérieur, contre 0,66 % dans d'autres pays en développement (Devarajan et al., 2011)

au marché de l'emploi, dans un contexte où l'adaptation aux nouvelles technologies nécessite un personnel hautement qualifié (Smith, 1986). Dès lors, quatre grandes théories ont été avancées pour expliquer les effets salariaux observés des inadéquations éducatives. Il s'agit de la théorie du capital humain, de la théorie des affectations, de la théorie des compétences hétérogènes et de la théorie institutionnelle.

Tout d'abord, la théorie du capital humain affirme qu'une productivité plus élevée se traduit par des gains plus élevés, ce qui entraîne une relation positive entre les salaires et le capital humain (Becker, 1964). Cette relation est représentée par une équation connue sous le nom d'équation salariale de Mincer, dans laquelle le niveau d'éducation atteint affecte les salaires (Mincer, 1974). Cela signifie qu'à l'équilibre, il ne doit pas y avoir de sous-utilisation de son stock de capital humain. Par conséquent, la suréducation ne peut s'expliquer par la théorie du capital humain que si elle est un phénomène temporaire. Ensuite, la théorie de la concurrence pour l'emploi développée par Thurow (975) soutient que l'inadéquation éducative n'impacterait pas la rémunération sur le marché du travail notamment les salaires. En effet, cette théorie suppose que les caractéristiques de l'emploi déterminent les salaires puisque la plupart des compétences des travailleurs sont acquises sur le lieu de travail et non par l'éducation formelle.

Une autre explication se trouve dans les modèles hédonistes/affectationnels (Sattinger, 1993): selon ces modèles, les variations de revenus ne sont pas expliquées par le capital humain ou les caractéristiques de l'emploi pris individuellement. Au contraire, les variations des salaires sont déterminées dans le cadre d'une équation de prix hédonique comprenant des paramètres de demande et d'offre. Dans le même ordre d'idées que la théorie de concurrence pour l'emploi développée par Thurpw (1975), la théorie du signal (Spence, 1973 Sitorus et Wicaksono (2020) parviennent dans leurs études à la conclusion selon laquelle les salaires de bas niveau sont dominés par les travailleurs ayant un niveau d'éducation insuffisant. En revanche, les salaires les plus élevés sont ceux des travailleurs suréduqués.

Il s'agit dans ce paragraphe, de spécifier notre modèle de base, et par la suite, définir les variables du modèle.

Pour identifier l'impact des inadéquations éducatives sur la rémunération au Cameroun, nous empruntons le chemin suivi Morsy et Mukasa (2019) 5 5 Ces auteurs ont étudié l'incidence de l'inadéquation des compétences et de l'éducation des jeunes Africains en marché du travail. Les résultats de leurs estimations ont révélé que la surqualification et la suréducation sont associées à une pénalité salariale et que la sous-éducation entraîne une prime salariale. En outre, la surqualification et la suréducation réduisent la satisfaction professionnelle et augmentent la probabilité que les jeunes cherchent un emploi. Par ailleurs, approche par pseudopanel qu'ils ont entreprise suggère également que l'inadéquation des compétences et de l'éducation des jeunes est persistante dans le temps et que les jeunes dont les compétences sont inadéquates sont plus susceptibles de passer à des emplois mieux adaptés que les jeunes dont l'éducation est inadéquate. Enfin, leurs résultats montrent que le chômage a un effet de cicatrisation pour les jeunes sous-qualifiés et à la fois un effet de cicatrisation et un effet de tremplin pour les jeunes surqualifiés et sur-éduqués. mais en suivant la spécification faite par Vichet (2018) dont la spécification du modèle de base ci-dessus présenté est la suivante. lnw i =ax i +binadeq ij +? i Selon cette équation, les inadéquations éducatives sont parfaitement exogènes, une situation qui est clairement contredite par les recherches antérieures et les statistiques descriptives de la section précédente. Pour tenir compte de l'endogénéité potentielle du niveau des inadéquations scolaires, cette étude propose plutôt d'estimer un modèle de correction du biais de sélection.

Les données utilisées pour l'estimation sont annuelles. Elles proviennent essentiellement de la quatrième Enquête Camerounaise auprès des Ménages (ECAM 4) qui à partir d'un échantillon d'environ 13 000 ménages produit des informations sur les conditions de vie des populations. Compte tenu du cadre théorique ainsi choisi et au regard des études théoriques et empiriques précédentes et des données disponibles, deux types de variables empiriques sont utilisées dans les estimations: la variable expliquée ou dépendante et les variables explicatives ou indépendantes, particulièrement la variable d'intérêt.

La variable dépendante dans notre fonction de gains est la rémunération mesurée par le logarithme des salaires. Notre variable explicative d'intérêt est l'inadéquation éducative qui, comme nous l'avons précisé précédemment, peut être peut être verticale ou horizontale. L'inadéquation verticale appelée aussi suréducation 6 apparaît lorsque les diplômés occupent des emplois ayant requis un niveau moins élevé que ce qu'ils possèdent. Ainsi, la suréducation notée (inadeqvert) est une variable Dimmy qui prend la valeur 1 si le niveau d'études l'actif est supérieur au niveau requis par l'emploi occupé et 0 par ailleurs. L'inadéquation horizontale (inadeqhor), quant à elle est définie dans différents documents comme l'inadéquation entre l'emploi et l'éducation ou entre l'éducation et la profession. Lorsque l'emploi ne correspond à aucune formation reçue, alors il y a

La méthode que nous utilisons pour estimer l'effet des inadéquations éducatives est celle des variables instrumentales notamment la méthode de Doubles moindres carrés ordinaires (IV-2SLS). En effet, l'une des hypothèses des moindres carrés ordinaire commande l'absence de corrélation entre les variables explicatives et le résidu dans le modèle théorique. On parle d'endogénéité lorsque cette hypothèse est violée. La littérature établie de manière formelle un biais d'endogeneité lié à la corrélation entre les transferts de fonds des migrants et le résidu. Effectuer une simple régression MCO nous donnerait des résultats non valides.

Pour bien cerner l'effet des inadéquations éducatives sur le fonctionnement du marché du travail au Cameroun notamment sur la rémunération, nous avons procédé en trois étapes. D'abord nous avons estimé l'effet de l'inadéquation verticale ensuite, l'effet de l'inadéquation horizontale et enfin l'effet de la double inadéquation (verticale et horizontale) sur la rémunération au Cameroun. Les tableaux ci-après résument les différents résultats obtenus à cet effet. b) Analyse des Résultats Avant de passer à l'interprétation des coefficients associés aux différentes variables, nous discuterons de la validité économétrique du modèle, des tests de validité des instruments et d'endogénéité. Ainsi, lur le plan économétrique, nos modèles sont globalement dignes d'intérêt. La probabilité prob>chi2 est à chaque fois inférieure à 5%, ce qui permet de conclure à une significativité globale du modèle. Également, les variables utilisées sont une à une significatives pour la plupart. Par ailleurs, le test de surindentification de Sargan est recommandé et utilisé dans plusieurs études pour tester la validité des instruments. Lorsque la P-value est supérieure à 5%, on accepte l'hypothèse nulle de validité des instruments. Effectivement, dans notre cas, nos P-value sont supérieures à 5%, preuve de la validité de nos instruments. Aussi, le modèle ne souffre plus d'aucun biais d'endogénéité vue que nos P-value sont inférieures à 5%.

À la suite des estimations, nous avons obtenu des résultats pour la plupart en conformité avec la littérature. Après avoir contrôlé la validité des différentes régressions, nous avons obtenu des résultats pour la plupart en conformité avec la littérature. On peut apercevoir que de manière générale, les inadéquations éducatives exercent une influence négative sur la rémunération au Cameroun.

Ainsi, l'inadéquation verticale a tendance à réduire le salaire de 0,39% ; l'inadéquation horizontale de 0,4 % et la doubla inadéquation de 0,41 %. Nous constatons que, bien que la différence soit faible, l'inadéquation horizontale impacte plus négativement la rémunération sur le marché du Cameroun que l'inadéquation verticale. Ceci peut s'expliquer par le fait les travailleurs qui détiennent des qualifications qui ne correspondent pas à celles requises par leur poste sont moins productifs que ceux détenant un niveau supérieur à celui requis par leur emploi mais qui disposent des qualifications requises. Par ailleurs, les travailleurs présentant ces deux types d'inadéquation subissent plus la pénalité salariale que ceux présentant une seule forme d'inadéquation éducative. Ljiljan

Il était question dans ce papier d'évaluer la nature l'effet des inadéquations éducatives sur la rémunéartion au Cameroun. À cet effet, nous nous sommes inspirés du modèle de Morsy et Mukasa (2019) mais en suivant la spécification faite par Vichet (2018). En utilisant des données de panel statique issues de l'enquête ECAM IV réalisée au Cameroun en 2014, les résultats des estimations économétriques faites par la méthode IV-2SLS indiquent que les inadéquations éducatives impactent négativement la rémunération sur le marché du travail au Cameroun. Nous trouvons que, bien que la différence soit faible, l'inadéquation horizontale impacte plus négativement la rémunération sur le marché du Cameroun que l'inadéquation verticale. En effet, l'inadéquation verticale a tendance à réduire le salaire de 0,39% ; l'inadéquation horizontale de 0,4 % et la doubla inadéquation de 0,41 %. L'implication économique de ces résultats démontre que les travailleurs qui détiennent des qualifications qui ne correspondent pas à celles requises par leur poste sont moins productifs que ceux détenant un niveau supérieur à celui requis par leur emploi mais qui disposent des qualifications requises. Par ailleurs, les travailleurs présentant ces deux types d'inadéquation subissent plus la pénalité salariale que ceux présentant une seule forme d'inadéquation éducative.